Voilà qui m’amène tout naturellement à conclure par quelques réflexions à propos d’une vie, je crois assez bien remplie. Une vie qui se sera déroulée pour une grande part durant trois quarts d’un siècle bien chargé en évènements historiques, dont des guerres tristement mémorables, chargé aussi d’aventures scientifiques, techniques et technologiques passionnantes, lesquelles vont probablement se perpétuer au cours de ce nouveau siècle.
Sur un plan strictement personnel, je perçois toute l’étendue du chemin parcouru depuis mes premières années à Branleix, ou mes premières leçons apprises sur les bancs de l’Ecole Saint-Louis à Maure de Bretagne. Evidemment, je n’aurais alors jamais imaginé qu’à cette époque bien lointaine aujourd’hui, je partagerais, quatre-vingts ans après, l’enthousiasme des étudiants chercheurs de l’Université de Paris VI évoluant dans des domaines scientifiques plutôt pointus – bien loin du rêve que je caressais dans ma prime jeunesse, d’être un jour vétérinaire. Ma vie eut certes été très différente, mais peut-être aussi attrayante.
D’où une première réflexion qui me vient à l’esprit qui s’appuie sur le constat que l’on peut très bien réussir sa vie hors du domaine de prédilection que l’on peut avoir au départ. Dans notre monde moderne du 21ème siècle, les orientations professionnelles sont multiples – la progression dans l’option retenue est accessible au plus grand nombre grâce en partie à la formation continue – la réussite, à mon avis, est essentiellement une affaire de détermination, de confiance en soi. Être tenace, et puis, c’est essentiel, ne jamais cesser d’apprendre !
A l’heure du bilan, une autre réflexion me vient à l’esprit : si vous estimez avoir réussi dans la vie, vous en êtes souvent redevable pour une part plus ou moins grande à votre environnement professionnel ou social, sauf si vous êtes un génie, auquel cas le succès vous appartient personnellement.
De mon côté je reconnais que, si à la suite de quelques éclairs d’inspiration, mais aussi et surtout de beaucoup de transpiration, j’ai connu quelques réels succès professionnels, je les dois, pour partie autant à l’appui de mes équipes de travail en entreprise qu’aux échanges d’idées fructueux avec des partenaires industriels et scientifiques de l’extérieur.
C’est une des raisons pour lesquelles, au moment de la retraite, j’ai trouvé tout naturel, voire équitable, d’aller vers les autres et de faire bénéficier les générations au travail : jeunes des IUT, des écoles d’ingénieurs ou de l’université, de mon expérience et du savoir-faire accumulé durant quarante années d’activité. Je dois dire, au final, que j’ai accompli cette mission d’assistance durant près de vingt années avec beaucoup d’enthousiasme.
Jean Reboux, Décembre 2008